Page:Duboscq - L'élite chinoise, 1945.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En tout cas, l’Asie nous oblige à réviser les valeurs de notre civilisation. Il y a une conception de la vie commune à toute l’Asie qui est la source de ses croyances religieuses, de ses arts, de ses mœurs et qui diffère de la nôtre. Or une conception qui fait vivre depuis des siècles des centaines de millions d’hommes n’est ni négligeable, ni inférieure : elle est autre simplement. Alors que la nôtre tend par un côté à découvrir les moyens d’améliorer et d’agrémenter la vie, celle des Asiatiques tend à en rechercher le sens et les fins.

Or l’Asie est passée aujourd’hui sur le devant de la scène du monde. C’est un fait inéluctable dont il faut s’arranger. Tandis que l’Orient nous emprunte nos sciences, nos industries, nos formes politiques, l’Occident, habitué à considérer tout le passé de l’humanité de son point de vue, est bien obligé de constater que le temps des dédains et des airs supérieurs est décidément révolu ; qu’un peu de simplicité est de mise parce que, qu’il le veuille ou non, l’universel mouvement d’émancipation se déroule inexorablement.

Il est facile de se moquer ou de mépriser. Il est moins facile mais plus intelligent et plus humain de chercher à comprendre ou de respecter, faute de pouvoir mieux, des mentalités, des aspirations, des idéaux différents des nôtres, lesquels, on ne s’en