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nous en et n’ayons pas le ridicule et la fâcheuse idée qui nous feraient mal juger de nous en plaindre et de récriminer.

Nos relations intellectuelles avec les Asiatiques sont aujourd’hui bien facilitées et le seront de plus en plus par la présence de ces derniers en Europe comme en Amérique. Cette présence que nous avons étudiée dans un livre récent est jugée chez nous de diverses façons. Certains y ont vu un grave danger. Nous ne sommes pas de ceux-là. Nous savons que l’Asie invite la philosophie occidentale à des spéculations dont la rigueur cartésienne est exclue, invitation périlleuse sans doute car en ce vaste domaine de la spéculation orientale, la pensée de l’Occident risque de s’égarer ou de s’abandonner, découragée, au fatalisme où l’homme n’a d’autre idéal que de satisfaire ses appétits. Nous savons que l’Asie apporte à l’Europe des principes nouveaux pour elle, « une conscience métaphysique » différente de la sienne. Tout cela nous le savons, mais nous savons aussi que si sur ces points « Orient et Occident ne se rencontreront jamais », pour reprendre le mot célèbre, si la fusion ne peut se faire, du moins peuvent-ils trouver dans un sentiment de solidarité humaine développé par des contacts intellectuels de plus en plus nombreux, un terrain de compréhension et d’entente.