Page:Duboscq - L'élite chinoise, 1945.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une connaissance plus grande de ce pays s’est répandue. La Chine un peu rébarbative des savants s’est humanisée, s’est mise à la portée de tout le monde ; celle des archéologues s’est généreusement ouverte aux simples amateurs de bibelots, et au lieu de la Chine, « pays charmant » qu’on imaginait si lointaine et si étrange qu’on renonçait à la connaître dans sa vie intérieure, dans ses ressources, ses possibilités de tous ordres, la Terre des fils de Han prit pour un grand nombre d’entre nous l’aspect concret d’un pays lourd d’avenir autant que de — passé, appelé à une participation certaine à la vie politique et économique, de plus en plus mêlée et solidaire de tous les peuples.

En même temps, elle apparaissait à quelques-uns de ses habitants eux-mêmes sous un jour nouveau. Certains d’entre eux la voyaient dans la nécessité de suivre l’exemple du Japon et d’adopter les progrès matériels des pays étrangers tout en conservant ses traditions morales et spirituelles. D’autres prétendaient que la civilisation matérielle et la civilisation morale forment un tout et que si l’on voulait faire œuvre utile, force était de faire table rase d’une civilisation millénaire qui n’était peut-être plus de mise ; la preuve en était que les réformateurs qui n’avaient jamais manqué en Chine, qui y avaient expérimenté tous les systèmes politiques n’étaient