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Sans doute, les émotions esthétiques diffèrent avec les pays car si l’homme est éternel dans sa nature profonde, ses goûts et ses tendances varient avec les pays qu’il habite ; mais ce qui dans une œuvre s’imposera à l’homme d’Orient comme à celui de l’Occident, ce sera lui-même ou ce qu’il y retrouvera de lui-même. L’Européen, en général, est d’abord déconcerté par la peinture chinoise. « Tout peuple est académique en jugeant les autres », a écrit Baudelaire[1] mais son œil s’habitue à une esthétique nouvelle par le canal de laquelle lui parvient la sensation d’une valeur humaine. Lentement donc l’Européen pourra reconnaître cette valeur à une peinture chinoise aussi bien qu’à une peinture d’Occident. Seule l’esthétique diffèrera, mais n’étant plus choqué ni même surpris, il saura découvrir ce qu’il y a d’humain dans l’œuvre qu’il contemplera. Tant il est vrai que la part d’humanité qui entre dans la confection d’un tableau ne dépend que de l’artiste, de son sentiment, de sa personnalité morale.

Aussi lorsque d’un tableau de style chinois nouveau se dégagera une émotion esthétique, nous n’aurons pas à regretter le changement qu’a entraîné, dans le domaine de la peinture, l’idéal de la nouvelle

  1. Critique des Beaux-Arts de l’Exposition Universelle de 1855.