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la peinture européenne, ou tout au moins de son inexpérience, que de la somme de talent qu’il pourrait mieux employer autrement. Il nous importe peu qu’il apprenne plus ou moins vite la peinture européenne ; s’il se montre habile, s’il a du talent nous n’en regrettons que davantage qu’il ne l’exerce pas dans le style chinois. Combien nous lui préférons son compatriote qui cherche un compromis entre la peinture chinoise et la peinture européenne ! On retrouve dans sa facture les dons de la race : le trait a gardé sa sûreté et son élégance, la synthèse des mouvements et des attitudes reste impeccable ; quelquefois, même il peindra sur soie et les sujets les plus variés de notre peinture seront construits, depuis le portrait jusqu’à la nature morte, en passant par les sujets de genre, le nu, etc., dans des gammes et des combinaisons de tons différentes des nôtres. De celui qui peint de cette manière, l’on a hâte, en vérité, de savoir à quel résultat final il arrivera.

Nous avons dit nos préférences, mais cela mis à part, il reste que la peinture chinoise moderne témoigne d’aspirations nouvelles de l’âme chinoise. Elle ne saurait les traduire directement, mais elle prouve qu’elle a ressenti le contre-coup de leur apparition, en ne se cantonnant plus dans les normes d’autrefois. L’idéal de l’élite étant de faire de la Chine une nation à l’image des nations européennes,