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l’ivoirerie, les laques, la sculpture des pierres dures, la broderie, etc., outre qu’ils n’exigent pas la qualité d’inspiration des autres, mais plutôt un sens mystérieux de la matière, des sensations que notre art européen trop intellectuel n’a point[1], ces arts mineurs, accessibles à une foule d’étrangers, sont trop exposés aux fluctuations de engouement ou de la mode pour qu’on puisse fonder des remarques probantes sur les changements qu’ils ont subis.

Des arts majeurs c’est donc la peinture que nous retenons pour répondre à la question que nous nous sommes posée. Longtemps, on entendit des Occidentaux même cultivés prononcer sur la peinture chinoise, comme sur tous les arts chinois en général, des jugements qui n’étaient et ne pouvaient être que des condamnations parce qu’ils partaient d’un point de vue entièrement faux. Le tort était évidemment de leur appliquer les canons de l’Occident.

La peinture chinoise ne tend pas, comme la nôtre, à représenter la réalité, mais à en exprimer les forces. La forme visible importe infiniment moins au Chinois que l’invisible essence, la vie secrète des choses, les idées qu’elles suggèrent, les émotions qu’elles éveillent.

  1. Il faut avoir vu un Chinois tirer de sa poche un petit morceau de jade ou d’agathe du Gobi, le frotter sur sa manche, le regarder et le palper du bout des doigts…