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Félicitons donc les Chinois de vouloir que leurs compagnes aient une autre condition que par le passé, même si les dispositions énumérées ci-dessus n’ont guère de valeur jusqu’à présent que sur le papier et s’il faut probablement de longues années pour que la masse en tienne compte.

Au reste, n’oublions pas que malgré la condition de la femme dans l’ancienne Chine, il s’y est trouvé des femmes, au cours de l’histoire, qui ont joué dans les arts, les lettres et même dans les affaires de l’État, un rôle de premier plan. Des concubines impériales sont passées à la postérité par leurs qualités d’esprit et de cœur ; témoin cette touchante Pan-Tsié-Yu, concubine de l’empereur Tcheng-Ti de la dynastie des Han, deux siècles avant J.-C. ; qui étant tombée en disgrâce, composa à cette occasion, triste entre toutes, cette pièce de vers devenue célèbre, intitulée « Chagrin d’amour » ou « L’éventail d’automne » :


J’ai coupé toute fraiche une pièce de soie du pays de
[Tsi,
D’une blancheur de neige immaculée,
Et j’en ai fait cet éventail, image de bonheur uni.
Rond comme une pleine lune, il entrera et sortira à
(votre gré de votre manche ou de votre veste,

Quand vous l’agiterez, il en sortira un vent léger,