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me répondait encore le comte Makino, avec une sérénité que je n’oublierai pas, quand je lui exprimais la crainte qu’un Européen inexpérimenté pouvait concevoir à considérer l’incident du Tchahar.

De fait, si l’opposition entre les militaires et le ministre des affaires étrangères, M. Hirota, existait à la manière dont elle existe entre hommes de partis politiques opposés dans un pays quelconque, le ministre n’eût pas résisté à l’aventure ; c’est à quoi du reste s’attendaient la plupart des Européens à Tokio. L’action des militaires au nord de la Chine et au Tchahar fut, en effet, contraire à la manière diplomatique de M. Hirota. Celui-ci désirait continuer à régler diplomatiquement les difficultés avec la Chine comme avec les Soviets. Il avait déjà à son actif la cession par ces derniers du chemin de fer de l’Est Chinois et, d’autre part, un commencement de rapprochement avec Nankin.

Les militaires voulaient une politique plus énergique avec la Chine. L’élévation de la légation du Japon en Chine au rang d’ambassade les exaspéra. Ils exprimèrent à ce sujet l’opinion d’un Japon que l’empereur ne désavoua sans doute pas, et qu’arriva-t-il ? M. Hirota fut-il, lui, désavoué, renversé, donna-t-il sa démission ? Rien de tout cela. Je le soupçonne même de s’être rallié, non sans plaisir, à cette politique qu’il n’aurait pas faite lui-même ; en tout cas, il la contresigna en restant au pouvoir et la fit endosser par le cabinet.

Ici apparaît l’unité d’autorité qui règne au Japon quelquefois en dépit des apparences. Lorsque les militaires sembleront entraîner le pouvoir civil, c’est celui-ci qui bénéficiera de leur action, autrement dit le gouvernement du pays, constamment baigné dans leur atmosphère, sera à ce moment plus particulièrement imprégné de leur influence, mais il ne se divisera pas et restera seul et unique à la tête de la nation qui tout entière travaille pour le Grand Japon.