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ce qu’elle lui vend ; de nombreux Chinois ont investi des capitaux au Mandchoukouo ; la Banque de Chine qui, avant la constitution de l’État mandchou, avait un siège central à Moukden pour ses affaires en Mandchourie, et une simple succursale à Hsin-King, transfère, le 1er juillet de cette année, son siège central à Hsin-King, la capitale, tout en laissant une succursale à Moukden.

L’économique, on le voit, ne perd jamais ses droits en dépit de la politique, chez un peuple pratique et commerçant comme l’est le peuple chinois.

Le général Dohihara, chef de la mission militaire japonaise, qui vient de parcourir la Chine et qui parallèlement, aux conversations du représentant diplomatique du Japon avec le gouvernement de Nankin, eut des entretiens avec des personnalités officielles et non officielles, afin d’améliorer les relations entre les deux pays, m’assurait ici que l’atmosphère politique était moins lourde. Son opinion confirmait tout ce qui m’avait été dit à ce sujet.

Une nouvelle politique sino-japonaise s’esquisse, politique de fait si l’on veut et qui ne correspond pas à l’idéal qu’on se fait en Occident des ententes internationales, politique qui peut ne pas aboutir, qui peut dévier, s’égarer encore précisément du fait d’influences européennes dans des directions sans issue ; mais qui peut aussi mener à un équilibre asiatique auquel les puissances occidentales trouveraient leur compte, à condition toujours de ne pas prendre pour des Occidentaux les Extrême-Orientaux.

Plus on observe ces derniers, plus on est convaincu de l’illusion qui consiste à croire que des normes uniformes conviennent à l’humanité tout entière. Le monde est fait de diversités que la politique doit chercher à concilier et à équilibrer, non point à supprimer. Le mot équilibre qu’on a stupidement voulu rayer du vocabulaire politique s’impose fatalement aux nations avec tout ce qu’il signifie. Un équilibre asiatique est tout aussi nécessaire qu’un équilibre européen. Cela ne veut pas dire qu’il faille élever des cloisons étanches entre l’Asie et l’Europe, mais que si des rapports de toutes sortes, matériels et moraux, doivent être recherchés entre les peuples des deux continents, ils