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d’emprunter des heros aux grecs et aux latins, qu’on ose donc en faire de nos rois et de nos princes. Homere n’a pas chanté les combats des éthiopiens ni des égyptiens, mais ceux de ses compatriotes. Virgile et Lucain ont pris leurs sujets dans l’histoire romaine. Qu’on ose donc chanter les choses que nous avons sous les yeux, comme sont nos combats, nos fêtes et nos céremonies. Qu’on nous donne des descriptions poëtiques des bâtimens, des fleuves et des païs que nous voïons tous les jours, et dont nous puissions confronter, pour ainsi dire, l’original avec l’imitation. Avec quelle noblesse et quel pathetique Virgile auroit-il traité une apparition de saint Louis à Henri Iv la veille de la bataille d’Yvri, quand ce prince, l’honneur des descendans de notre saint roi, faisoit encore profession de la confession de foi de Geneve ? Avec quelle élegance Virgile auroit-il dépeint les vertus en robes de fêtes qui, conduites par la clémence, seroient venues ouvrir à ce bon roi les portes de sa ville de Paris ? L’interêt que tout le monde prendroit à ce sujet par differens motifs, seroit un garent assuré de l’attention du public sur l’ouvrage. Mais les