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fuir dans l’occasion pour revenir à la charge plus à propos. Nous avons vû blâmer Homere d’avoir décrit avec goût les jardins du roi Alcinous, semblables, disoit-on, à celui d’un bon vigneron des environs de Paris. Mais supposé que cela fut vrai, imaginer un jardin merveilleux, c’est la tâche de l’architecte. Le faire planter à grands frais, c’est, si l’on veut, le mérite du prince. La profession du poete est de bien décrire ceux que les hommes de son temps sçavent faire. Homere est un aussi grand artisan dans la description qu’il fait des jardins d’Alcinous, que s’il avoit fait la description de ceux de Versailles. Après avoir reproché aux poëtes anciens d’avoir rempli leurs vers d’objets communs et d’images sans noblesse, on se croit encore fort moderé quand on veut bien rejetter la faute qu’ils n’ont pas commise, sur le siecle où ils ont vécu, et les plaindre d’être venus en des temps grossiers. La maniere dont nous vivons avec nos chevaux, s’il est permis de parler