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des puérilitez de ces commentateurs, qu’une belle femme doit être responsable des extravagances que la passion feroit faire à des adorateurs qu’elle ne connoîtroit pas. Le public est en possession de laisser discuter aux sçavans les raisonnemens qui concluent contre son expérience, et de s’en tenir à ce qu’il sçait certainement par voïe de sentiment. Son propre sentiment, confirmé par celui des autres, le persuade suffisamment que tous ces raisonnemens doivent être faux, et il demeure tranquillement dans sa persuasion en attendant que quelqu’un se donne la peine d’en faire voir l’erreur méthodiquement. Un médecin, homme d’esprit et grand dialecticien fait un livre pour établir que dans notre païs et sous notre climat, les légumes et les poissons sont un aliment aussi sain que la chair des animaux. Il pose méthodiquement ses principes. Ses raisonnemens sont bien tournez, et ils paroissent concluans. Cependant ils ne persuadent personne. Ses contemporains, sans se mettre en peine de démêler la source de son erreur, le condamnent sur leur propre expérience, qui leur apprend sensiblement que dans