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gueres des jugemens generaux qu’il a porté sur le mérite des capitaines et des ministres en la maniere que nous l’avons exposé. Ma seconde réponse à l’objection proposée contre la justesse des jugemens du public est de dire : qu’on auroit encore tort de conclure que le public peut se tromper sur un poëme ou sur un tableau, parce que souvent il louë ou blâme à tort les ministres et les generaux sur des évenemens particuliers. Le public ne s’est trompé, par exemple, dans tous les temps, sur la loüange dûë à un general qui venoit de gagner une bataille ou de la perdre, que pour avoir porté son jugement sur tout un objet dont il ne connoissoit qu’une partie. Lorsqu’il a eu tort, c’est pour avoir blâmé ou loüé avant que d’avoir été bien instruit de la part que le general avoit euë dans le bon ou dans le mauvais succès. Le public a voulu juger quand il étoit encore mal informé des faits. Il a jugé du general avant que d’être pleinement instruit, et de la contrainte où le jettoient les ordres de son prince ou de sa republique, et des traverses que lui causoient ceux dont l’emploi étoit de l’aider, et des assistances promises