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qui se seront perfectionnées sous la superficie de la terre. Durant les chaleurs il en sort des exhalaisons qui s’allument d’elles-mêmes et qui forment de longs sillons de feu ou des colonnes de flâme dont la terre est la base. Tite-Live seroit rempli du récit des sacrifices faits pour l’expiation de ces prodiges, si l’on avoit vû ces phénomenes dans la campagne de Rome au temps dont il a écrit l’histoire. Ce qui prouve encore qu’il est survenu une altération physique dans l’air de Rome et des environs, c’est que le climat y est moins froid aujourd’hui qu’il ne l’étoit au temps des premiers Cesars, quoique le païs fut alors plus habité et mieux cultivé qu’il ne l’est à présent. Les annales de Rome nous apprennent qu’en l’année quatre cent quatre-vingt de sa fondation, l’hyver y fut si violent que les arbres moururent. Le Tibre prit dans Rome, et la neige y demeura sur terre durant quarante jours. Lorsque Juvenal fait le portrait de la femme superstitieuse, il dit qu’elle fait rompre la glace du Tibre pour y faire ses ablutions.