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n’avons jamais entendu, et qui peut-être ne furent jamais dans la nature. Tels sont le mugissement de la terre quand Pluton sort des enfers, le siflement des airs, quand Apollon inspire la pythie, le bruit que fait une ombre en sortant de son tombeau, et le frémissement du feüillage des chênes de Dodone. Il est une verité de convenance pour ces symphonies. Le convenientia finge d’Horace, a lieu ici comme dans la poësie. On connoît quand la vrai-semblance requise s’y rencontre. La vrai-semblance s’y trouve certainement, quand elles font un effet approchant de l’effet que les bruits qu’elles imitent auroient pû faire, et quand elles nous paroissent conformes à ces bruits inoüis, mais dont nous ne laissons pas de nous être formé une idée confuse par rapport à d’autres bruits que nous avons entendus. On dit donc des symphonies de cette espece, ainsi que de celles qui peuvent imiter des bruits véritables, qu’elles expriment bien ou qu’elles n’expriment pas. On loüe celle du tombeau d’Amadis et celle de l’opera d’Issé, en disant qu’elles imitent bien le naturel, quoiqu’on n’ait jamais vû la nature dans les circonstances où ces symphonies