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Il n’est donc pas surprenant que les symphonies nous touchent beaucoup, quoique leurs sons, comme le dit Longin, ne soient que de simples imitations d’un bruit inarticulé, et s’il faut parler ainsi, des sons qui n’ont que la moitié de leur être, et une demi vie. Voilà pourquoi l’on s’est servi dans tous les païs, et dans tous les temps du chant inarticulé des instrumens pour remuer le cœur des hommes, et pour mettre certains sentimens en eux, principalement dans les occasions où l’on ne sçauroit leur inspirer ces sentimens en se servant du pouvoir de la parole. Les peuples civilisez, ont toûjours fait usage de la musique instrumentale dans leur culte religieux. Tous les peuples ont eu des instrumens propres à la guerre, et ils s’y sont servi de leur chant inarticulé, non-seulement pour faire entendre à ceux qui devoient obéïr, les ordres de leurs commandans, mais encore pour animer le courage des combattans, et même quelquefois pour le retenir. On a touché ces instrumens differemment, suivant l’effet qu’on vouloit qu’ils fissent, et on a cherché à

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