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anciens qu’on trouvera à la fin de cet ouvrage. Il est assez établi en Europe, comme je l’ai déja dit, que les françois, qui depuis cent ans composent les meilleures pieces dramatiques qui paroissent aujourd’hui, sont aussi ceux qui récitent le mieux les tragedies, et qui sçavent les représenter avec le plus de décence. En Italie les acteurs récitent la tragedie du même ton et avec les mêmes gestes qu’ils récitent la comedie. Le cothurne n’y est presque pas different du socque. Dès que les acteurs italiens veulent s’animer dans les endroits pathétiques, ils sont outrez aussitôt. Le heros devient un capitan. Je ne dirai qu’un mot des tragedies des poëtes italiens faites pour être déclamées. Elles sont autant au-dessous des pieces de Corneille et de Racine, que les moins mauvais de nos poëmes épiques sont au-dessous du Roland furieux, de L’Arioste, et de la Jerusalem délivrée du Tasse. Ou par desespoir d’y réussir, ou par d’autres motifs que je ne devine point, il paroît que les italiens négligent depuis long-temps la poësie dramatique. La mandragore de Machiavel, l’une des meilleures comédies

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