Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/429

Cette page n’a pas encore été corrigée

p419

Enfin nous exigeons des acteurs de tragedie, de mettre un air de grandeur et de dignité dans tout ce qu’ils font, comme nous exigeons du poëte de le mettre dans tout ce qu’il leur fait dire. Aussi voïons-nous qu’au sentiment general des peuples de l’Europe, les françois sont ceux qui réussissent le mieux aujourd’hui dans la représentation des tragedies. Les italiens qui nous rendent justice sans trop de répugnance quand il s’agit des arts et des talens, où ils ne se piquent pas d’exceller, disent que notre déclamation tragique leur donne une idée du chant ou de la déclamation théatrale des anciens que nous avons perduë. En effet, à juger de la déclamation des romains, et par conséquent de celle des grecs sur la scéne, desquels la scéne romaine s’étoit formée, par ce qu’en dit Quintilien, la récitation des anciens devoit être quelque chose d’approchant de notre déclamation tragique. C’est de quoi nous parlerons plus au long dans le traité de la musique des

p420