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thermes. La vache de Myron, cette vache si fameuse, et que les pastres comptoient pour une piece de leur bétail quand il venoit paître autour d’elle, n’approchoit pas, suivant les apparences, de deux mille qui sont aujourd’hui dans les comtez du nord d’Angleterre, puisqu’elle étoit si semblable à ses modeles. Du moins nous voïons certainement que les taureaux, les vaches et les porcs des bas reliefs antiques ne sont point à comparer aux animaux de la même espece que l’Angleterre éleve. On remarque dans ces derniers une beauté où l’imagination des artisans qui ne les avoient point vûs, ne pouvoit pas atteindre. Il faudroit connoître le monde presqu’aussi-bien que l’intelligence qui l’a créé, et qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d’arriver à la faveur d’une combinaison de hazards favorables à ses productions, et de circonstances heureuses dans leur nutrition. Les lumieres des hommes sur la conformation de l’univers étant aussi bornées qu’elles le sont, ils ne peuvent en prêtant à la nature les beautez qu’ils imaginent, l’annoblir dans leurs inventions,

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