Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour le soutenir contre ce dégoût. D’ailleurs on ne le sent presque pas sur le théatre, qui est l’endroit où ils brillent davantage, parce que les acteurs qui enjambent presque toûjours sur le vers suivant avant que de reprendre haleine, ou qui la reprennent avant que d’avoir fini le vers, empêchent qu’on ne sente le vice de la cadence trop uniforme. Ce que nous avons dit des vers hexametres peut être dit des autres especes de vers. Les vers qui s’accelerent parce qu’ils sont composez de syllabes bréves, durent donc autant que ceux qui se rallentissent, parce qu’ils sont composez de syllabes longues. Par exemple, Virgile a mis des syllabes bréves par tout où les regles du métre lui permettoient d’en mettre dans le vers qui dépeint si bien un coursier qui galoppe, que la prononciation du vers nous fait presqu’entendre le bruit de la course. quadrupetante putrem sonitu quatit ungula campum. ce vers contient dix-sept syllabes, mais il ne dure pas plus long-temps dans la prononciation, que le vers suivant qui n’en renferme que treize, et que Virgile a fait pour décrire le travail des cyclopes,