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des pieces dramatiques qui pussent servir de liaison aux divertissemens destinez à former ces spectacles magnifiques que Louis Xiv encore jeune donnoit à sa cour, et dont la memoire s’est conservée dans les païs étrangers autant que celle de ses conquêtes. Le public, qui ne sort gueres du bon goût lorsqu’il y est entré, a rejetté depuis quelques années toutes les comedies composées dans des mœurs étrangeres avec lesquelles on auroit voulu l’amuser. En effet à moins que de connoître l’Espagne et les espagnols (connoissance qu’un poëte n’est pas en droit d’exiger du spectateur) on n’entend pas le fin de la plûpart des plaisanteries de ses pieces. Combien y a-t-il de spectateurs qui ne comprennent pas la moitié des plaisanteries de dom Japhet ; celle par exemple, qui roule sur le reproche que les castillans qui prononcent bien et nettement font aux portuguais qui prononcent mal, et qui mangent une partie des sillabes : ce sont les guenons qui parlent portuguais. Nous avons eu depuis soixante ans deux differentes troupes de comediens italiens établies à Paris. Ces comediens ont été obligez de parler françois, c’est