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ces chrétiens, qui ait exempté les droits temporels appartenans aux églises de pouvoir être prescrits conformément aux loix civiles par le laps de trente années. Ce ne fut que pendant le regne des enfans de Clovis, que Justinien fit une loi pour ordonner dans les pays qui étoient encore soumis à l’autorité des empereurs ; qu’on ne pourroit plus opposer aux prétentions des églises en affaires temporelles, la prescription de trente années, et qu’on ne pourroit à l’avenir alleguer contre ces droits aucune prescription moindre que la centenaire. Procope qui nous informe de l’édit de Justinien, en fait même un sujet de reproche contre ce prince, qu’il accuse d’avoir agi par interêt dans cette occasion.

Quant au trentiéme canon de ce concile, qui défend plusieurs sortes de divinations, nous en avons déja parlé à l’occasion du présage que Clovis, lorsqu’il marchoit contre Alaric, voulut tirer de ce que verroient et entendroient ceux qu’il envoyoit porter ses offrandes au tombeau de saint Martin, dans le moment qu’ils entreroient dans l’église bâtie sur ce tombeau.

Un roi qui auroit porté une couronne héreditaire dans sa maison depuis plusieurs siécles, n’auroit pas laissé d’être obligé à de grandes déferences pour les prélats qui gouvernoient alors l’Eglise des Gaules, soit à cause du pouvoir que leur dignité leur donnoit, soit à cause du crédit que procuroit à la plûpart d’entr’eux leur mérite personnel. Comme nous l’avons déja remarqué, il n’y eut jamais en même tems parmi les évêques de ce pays-là, autant de saints et de grands personnages qu’il y en avoit durant le cinquiéme siecle et dans le commencement du sixiéme. Ainsi Clovis assis sur un trône nouvellement établi, ne pouvoit pas mieux faire que d’attacher les évêques à ses interêts, en leur donnant toutes les marques possibles d’estime et d’amitié. Voici en quels termes ce prince s’explique lui-même sur l’importance, dont il lui étoit de gagner l’affection des personnages, illustres par leur mérite et par leur sainteté. » Quand nous recherchons l’amitié des serviteurs de Dieu,