Cette observation sur le traitement que les têtes couronnées se faisoient dès-lors, est bien confirmée par les Formules de Marculphe. On y trouve le protocole, qui de son tems étoit en usage dans la chancellerie de France, pour les lettres de cérémonie que nos rois écrivent aux autres souverains ; et ce protocole fait foi que nos rois les traitoient de freres.
CHAPITRE XIV.
Nous ignorons pleinement tout ce que Clovis peut avoir fait depuis l’entrevûë d’Amboise jusqu’à son expédition contre les Visigots en cinq cens sept. Les affaires que ce prince avoit dans des Etats où il n’étoit bien le maître que depuis peu de tems, l’auront occupé suffisamment. Je commencerois donc ici l’histoire de cette expédition, s’il ne convenoit point de rapporter auparavant le peu que nous sçavons concernant la conduite qu’Alaric avoit tenuë dans son royaume immédiatement avant le tems où la guerre commença. En effet, la conduite que ce prince tint en quelques occasions, contribua beaucoup à la rupture, comme aux succès de l’expédition dont nous avons à parler.
On a vû que son pere Euric avoit quelque-tems avant que de mourir, fait rédiger par écrit la loi nationale des Visigots. Alaric fit en l’année cinq cens cinq quelque chose de plus et qui marquoit encore davantage la pleine et entiere souveraineté qu’il croyoit avoir sur les Gaules en vertu des cessions faites aux Visigots par l’empereur Julius Nepos et par Odoacer. Les loix qu’Euric avoit publiées, ne regardoient directement que sa nation, mais Alaric fit faire une nouvelle rédaction du code Theodosien,