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l’autre. Nous les verrons même quelquefois en guerre ouverte l’une contre l’autre, sous les Rois Mérovingiens.

Chaque cité des Gaules avoit un Comte ou Gouverneur particulier qui tenoit son emploi de l’Empereur, et qui avoit soin d’obliger le Sénat et les Décurions à faire leur devoir. Cet Officier étoit subordonné au Président ou au Proconsul de celle des dix-sept Provinces où son district étoit enclavé. C’est de quoi nous parlerons plus au long, en exposant quels étoient les Officiers que le Prince envoyoit pour gouverner les Gaules. Mais avant que de traiter cette matiere-là, il est bon de finir tout ce qui regarde les droits dont joüissoient les Cités.


LIVRE 1 CHAPITRE 4

CHAPITRE IV.

Des Assemblées generales que tenoient les Cités des Gaules. De l’étenduë de l’autorité Impériale. Qui la conféroit.


On voit par l’Histoire, que les Cités des Gaules, tandis qu’elles étoient sous la domination des Empereurs, s’assembloient quelquefois par Députés, et qu’elles tenoient des especes d’Etats generaux pour y prendre des résolutions touchant les intérêts communs. Il ne faut pas confondre cette sorte d’Assemblée purement politique, avec l’Assemblée Religieuse qui se tenoit régulierement dans le tems marqué, aux pieds de l’Autel érigé à Auguste, auprès de la ville de Lyon, quoiqu’il arrivât quelquefois que par occasion l’on y parlât des affaires publiques. En effet nous voyons dans Dion, que sous le regne d’Auguste lui-même, Drusus Nero profita d’une de ces Assemblées Religieuses, pour ramener les esprits des principaux des Gaulois alors fort alienés ; ce qui prévint une révolte. Mais outre cette Assemblée, il s’en tenoit une autre purement politique, et qui étoit apparemment la même qu’Auguste convoqua, et qu’il tint à Narbonne lorsqu’il y fit le recensement des trois Gaules Transalpines, c’est-à-dire, de l’Aquitaine, du païs des Celtes et de celui des Belges. Ces trois Contrées n’avoient point encore jusques-là fait un même Corps politique. Au contraire elles étoient habitées,