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qu’elle fût en état de subvenir aux dépenses de la Commune. Nous avons plusieurs Loix Imperiales qui statuent touchant ces Octrois, et entr’autres une d’Arcadius et d’Honorius qui confirme les Octrois accordés aux Cités, et déclare que ceux qui voudront se pourvoir contre, ne seront pas écoutés.

La seconde source du revenu particulier des Cités ou de leurs deniers patrimoniaux, étoit le produit des biens-fonds dont la proprieté appartenoit à la Commune. Les lettres de Pline à l’Empereur Trajan[1], le Code et les autres monumens de l’antiquité Romaine font foi que les cités acqueroient et qu’elles possedoient en proprieté des fonds dont le revenu étoit employé, soit à faire de nouvelles acquisitions, soit à construire des bâtimens publics, soit à donner des spectacles.

Enfin rien ne manquoit à chaque Cité pour être en quelque maniere un Corps d’Etat particulier. Non-seulement elle avoit son Sénat & ses revenus, elle avoit encore sa Milice. Quoique depuis la conquête des Gaules, Rome ait toujours exigé de leur peuple, une pleine et entiere obéïssance, neanmoins jusques au regne de Caracalla, elle a bien voulu épargner le nom de sujet à la plûpart des Gaulois, et les appeller ses Alliés. Pour rendre son joug moins odieux, Rome donnoit le titre specieux de Traité d’Alliance, & l’Acte par lequel plusieurs Cités des Gaules s’étoient soumises à sa domination. On peut voir dans Pline[2] quelles étoient les Cités des Gaules réputées Alliées, et quelles étoient les Cités réputées sujettes. Cet usage est rendu constant par l’Histoire. Lorsque plusieurs Cités des Gaules qui avoient été sur le point de se révolter pour se joindre à Civilis, prennent enfin la résolution de demeurer fidelles à l’Empire ; Tacite dit : qu’elles prennent la résolution d’observer les Traités d’Alliance. Quand il fait dire à ces cités par un Officier Romain, que les Troupes reglées que l’Empire entretenoit, étoient suffisantes pour sa défense, et qu’il étoit inutile qu’elles fissent prendre les armes à leurs Citoïens, il fait dire à cet Officier, que les Alliés n’avoient qu’à demeurer tranquilles dans leurs foyers. On trouve par-tout le même langage. Il est vrai

  1. Lib. 9. titul. 69.
  2. Hist. Nat. lib. 4.