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sous le joug, eux qui se vantent de tirer leur origine d’Ilium, & d’avoir les mêmes Ayeux que le peuple Romain. »

Quoique les personnes d’esprit pussent penser concernant cette genealogie, elle ne laissoit pas de disposer les deux peuples à fraterniser l’un avec l’autre. Il faut bien que l’opinion dont il s’agit, eût eu quelque bon effet, puisque comme nous le verrons dans la suite, les Francs voulurent aussi dès qu’ils se furent établis dans les Gaules, descendre des Troyens, pour avoir la même origine que les anciens Habitans de leur nouvelle Patrie.

Enfin il n’y avoit plus de Gaulois dans les Gaules au commencement du cinquiéme siécle, parce que tous les anciens Habitans de cette grande Province de l’Empire, avoient, pour ainsi dire, été métamorphosés en Romains. Aussi verrons-nous que dans ce siecle-là et dans les siecles suivans, les anciens habitans des Gaules se désignoient eux-mêmes par le nom de Romains, & que le nom de Romains leur étoit donné par les Francs comme par les autres Barbares, qui s’étoient établis dans cette grande Province de l’Empire.

LIVRE 1 CHAPITRE 2

CHAPITRE II.

De la division du Peuple, laquelle avoit lieu dans les Gaules au commencement du cinquiéme siecle.


Nous prendrons ici le mot d’Habitans dans son acception la plus generale suivant laquelle il comprend tous ceux qui habitent dans un pays, quelque y soit leur condition. Quant au mot de Peuple, nous l’entendrons dans la signification qu’il a communément en Droit public, et suivant la définition que Justinien en fait, lorsqu’il dit : " Tous les Citoyens, même les Sénateurs et les Patriciens, sont compris sous le nom de Peuple. "

La premiere division des Habitans des Gaules étoit, comme par tout ailleurs, celle qui se faisoit alors en Hommes libres & en Esclaves. Ces Esclaves étoient de deux conditions differentes. Les uns, ainsi qu’il se pratiquoit dans la Grèce et dans l’Italie,