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La conversion des Gaulois à la Religion Chrétienne, contribua encore à les rendre plus semblables en tout aux habitans de l’Italie. Après leur conversion, presqu’achevée dès le quatriéme siecle, les Gaulois n’eurent plus que les mêmes Autels, le même Culte ; en un mot la même Religion que les Romains.

Enfin, comme on contracte ordinairement les inclinations, comme on adopte les goûts de la Nation dont on a appris la langue et emprunté les habits, les Gaulois contracterent toutes les inclinations, ils adopterent tous les goûts des Romains. A l’exemple des Romains ils s’adonnerent à l’étude des Loix, et particulierement à celle de l’éloquence. Dès le tems de l’Empereur Adrien, des Gaulois Professeurs en Rhetorique alloient enseigner cet Art dans la Grande Bretagne. L’usage des bains devint commun dans les Gaules, et il y avoit dans leurs grandes Villes des Cirques et des Amphiteâtres où il se donnoit des combats de Gladiateurs ; spectacle si cher aux Romains.

On avoit même pour cimenter encore mieux l’union des Gaulois et des Romains, donné cours à une tradition, suivant laquelle les Gaulois descendoient des anciens Troyens, aussi-bien que les Romains ; de maniere que les uns et les autres ils avoient une origine commune. Lucain qui écrivoit sous Neron, dit que les Auvergnats se prétendoient freres du Peuple Romain, parce que comme lui, ils descendoient des Citoïens de l’ancienne Ilion. Suivant Ammien Marcellin qui avoit servi dans les Gaules, et qui écrivit son Histoire dans le quatriéme siecle, une des opinions qui avoient cours concernant l’origine de leurs peuples, étoit qu’après la prise de Troyes, quelques-uns de ses habitans échappés à la fureur des Grecs, étoient venus s’établir dans ce pays-là, qui pour lors étoit désert. Sidonius Apollinaris dit, en parlant des Auvergnats ses compatriotes, après que l’empereur Julius Népos eût cedé l’Auvergne aux Visigots en quatre cens soixante et quinze. « On a racheté la sûreté des autres aux dépens de notre liberté. Voilà les Auvergnats