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avoit été reçû avec beaucoup d’amitié par notre Egidius, alors évêque de cette ville, peut bien y avoir lû l’ancienne vie de saint Remy. Aucun livre n’étoit plus curieux pour une personne qui vouloit écrire l’histoire ecclésiastique des Francs. On a même vû qu’il est très-probable que Gregoire de Tours y avoit copié le plan de la division, et du partage des Gaules entre les differens peuples dont elles étoient habitées, et dont nous avons parlé fort au long dans le cinquiéme chapitre de ce livre. On doit donc regarder la vie de saint Remy compilée par Hincmar, autant comme un monument du sixiéme siécle, que comme une production du neuviéme ; puisque son auteur s’est servi pour le composer, d’un ouvrage écrit dès le sixiéme siécle, de plusieurs piéces anciennes de ce tems-là, et dont la plus grande partie est perdue, afin que de la tradition que le laps de tems et les dévastations n’avoient point encore éteinte entierement. Revenons aux circonstances du baptême de Clovis et de ses sujets, rapportées dans la vie de S. Remy écrite par Hincmar. On conçoit bien que les sujets furent baptisés par aspersion.

Ce qu’ajoute notre auteur à la circonstance, qu’il n’y eut que trois mille hommes faits, de baptisés avec Clovis, montre cependant que les chefs de famille qui composoient la tribu sur laquelle ce prince regnoit alors, étoient en un plus grand nombre. Voici donc ce qu’il ajoute : » Plusieurs Francs qui servoient sous Clovis, & qui ne se convertirent pas, se donnerent à Ragnacaire parent de Clovis, & durant un tems ils vécurent dans les Etats de Ragnacaire, qui étoient au Septentrion de la Somme », c’est-à-dire, que ces Francs devinrent sujets de Ragnacaire, et ils le furent jusqu’à ce que Clovis s’empara du royaume de ce prince. Aussi avons-nous fait l’attention convenable à ce dernier passage d’Hincmar, lorsque nous avons dit dès le commencement de notre discussion, que Clovis avoit pour sujets quatre ou cinq mille hommes en âge de porter les armes, quoique Gregoire de Tours et l’auteur des Gestes, après avoir dit que tous les sujets de ce prince se convertirent avec lui, ajoutent neanmoins, qu’il n’y eut que trois mille hommes faits qui reçurent le baptême, quand il le reçut lui-même. La maniere positive dont s’expliquent ces deux auteurs, et l’expression incertaine dont se sert Hincmar dans sa vie de saint Remy, me font croire qu’on ne sçauroit avoir pour le passage où elle se trouve, plus de dé-