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recueilli les faits que la tradition a conservés. »

Quant à l’ancienne vie de saint Remy, elle devoit avoir été certainement composée environ cinquante ans après sa mort arrivée en cinq cens trente-trois, puisqu’elle fut extraite par Venantius Fortunatus, fait évêque de Poitiers vers l’année cinq cens quatre-vingt-dix, et qui même à en juger par la maniere dont Hincmar s’explique, ne l’étoit pas encore lorsqu’il fit son extrait. Nous sçavons outre cela par les poësies de Fortunat, dont une piece est adressée à Egidius, que ce poëte étoit lié d’amitié avec Egidius évêque de Reims à la fin du sixiéme siecle. Flodoard parle aussi de l’amitié qui étoit entre ces deux prélats, et des vers que Fortunat fit pour son ami. Il les rapporte même dans son histoire de l’église de Reims.

Après ce que nous avons dit concernant le latin celtique, on conçoit bien pourquoi Egidius fit composer une nouvelle légende de saint Remy par Fortunat, qui étant né en Italie, devoit parler latin mieux qu’on ne le parloit à Reims. Au reste nous avons encore cet abregé de la vie de saint Remy par Fortunat, et on peut le lire dans Surius qui le rapporte sur le premier d’octobre, jour de la translation de notre saint. J’ajoûterai que cet écrit est d’un usage très-utile dans l’étude de notre histoire, parce qu’il sert à reconnoître que certains faits rapportés dans la vie de saint Remy par Hincmar, se trouvoient dans l’ancienne vie de saint Remy dont Fortunat a fait l’épitome. étoit-ce cet abregé de la vie de saint Remy ? étoit-ce l’ancienne vie dont Gregoire De Tours entend parler, lorsqu’il dit : « Nous avons une vie de saint Remy, dans laquelle il est écrit qu’il ressuscita un mort » ? Je n’en sçai rien. Gregoire de Tours a pû voir et l’ancienne vie de saint Remy, et l’abregé que Fortunat en avoit fait ; cet historien contemporain de Fortunat a pû lire l’ouvrage de Fortunat. D’un autre côté, Gregoire de Tours qui nous apprend lui-même qu’il avoit fait un voyage à Reims, où il