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transporta le siege de sa monarchie à Paris, où il est toujours demeuré depuis. Nous parlerons de ces évenemens dans la suite.

En effet après que les Gaules eurent été assujetties à la monarchie Françoise, tous les autres Francs eurent long-tems une considération particuliere pour les Francs du Tournaisis, parce que ceux-ci descendoient apparemment des Francs dont Clovis étoit né roi, et qui lui avoient aidé à faire ses premieres conquêtes. On regardoit donc alors les Francs du Tournaisis, comme l’essain le plus noble de la nation, comme la tribu qui avoit jetté les premiers fondemens de la grandeur de la monarchie. Deux Francs du Tournaisis ayant une querelle l’un contre l’autre, la reine Frédégonde voulut les accorder elle-même, dans la crainte que leurs démêlés ne donnassent lieu à de grands désordres à cause des partisans que chacun d’eux trouveroit. Cette princesse ne pouvant point venir à bout de les accorder, elle se porta jusqu’à les faire assassiner de la maniere la plus barbare, afin d’éteindre l’étincelle qui pouvoit allumer le feu ; mais ce meurtre fit soulever toute la Champagne où elle étoit alors, et ce ne fut point sans peine qu’elle se sauva.

On peut aussi regarder la considération qu’on avoit dans la monarchie pour les Francs du Tournaisis, comme une des causes pour lesquelles sous la troisiéme race, la cité de Tournai demeura soûmise immédiatement à nos rois. Dans le tems de la formation des grands fiefs, Tournai resta une Régale, c’est-à-dire, une enclave qui bien que située au milieu du territoire d’un vassal puissant, ne reconnoissoit point le pouvoir de ce vassal, mais relevoit nuëment de la couronne, et ne recevoit d’autres ordres que ceux du seigneur suzerain ou du roi. Tournai n’a donc point reconnu les comtes de Flandres, quelque puissans qu’ils ayent été, jusqu’en mil cinq cens vingt-neuf, que le roi François Premier le céda par la paix de Cambrai à l’empereur Charles-Quint comte de Flandres. Pour revenir au royaume auquel Clovis succéda, après avoir fait voir qu’il comprenoit le Tournaisis, et que très-pro-