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prenoit uniquement le Tournaisis, quelques autres pays situés entre le Tournaisis et le Vahal, et suivant les apparences, la portion de l’Isle des Bataves que les Saliens avoient occupée dès le regne de l’empereur Constans, et dont on ne voit point dans l’histoire que les Romains les ayent jamais expulsés. Il est vrai qu’aucun auteur du cinquiéme ou du sixiéme siécle ne nous dit expressément quelles étoient les bornes du royaume que Childéric laissa en mourant à son fils ; mais je m’appuye sur deux raisons pour croire que l’étenduë de cet Etat fut très-petite. La premiere de ces raisons est, que les cités qui confinent avec le Tournaisis, étoient possedées par d’autres rois lors de l’avenement de Clovis à la couronne. La seconde, c’est que nous sçavons positivement que le nombre des Francs sujets de Clovis étoit encore très-petit la seiziéme année de son regne. Il convient de déduire tous ces faits et toutes ces raisons.

Comme Childéric fut enterré à Tournay, on ne sçauroit douter qu’à sa mort il ne fût maître de cette ville, et qu’il ne l’ait laissée à son fils. Nous sçavons encore que Clovis lui-même y fit sa résidence ordinaire les premieres années de son regne. Saint Ouen évêque de Rouen dans le septiéme siecle, dit en parlant de la promotion de S. Eloy son contemporain et son ami, aux évêchés de Tournay et de Noyon qui pour lors étoient unis. » Voilà comment ils confererent à un Orfévre, qui n’avoit pas coupé ses cheveux, c’est-à-dire, qui étoit encore Laïque, & malgré lui, le gouvernement spirituel de la Capitale du Vermandois & de Tournay, qui dans les tems précedens avoit été la Ville royale. » Or en quels tems Tournay a-t-il pû être une ville royale, la ville dans laquelle le roi du peuple qui l’avoit conquise faisoit son séjour ordinaire, en un mot une ville capitale, si ce n’est durant les premieres années du regne de Clovis et sous Childéric et sous Mérovée les successeurs de Clodion, qui comme nous l’avons vû, s’en étoit emparé vers l’an quatre cens quarante-quatre. Dès que Clovis eut conquis la cinquiéme année de son regne, les pays où Syagrius s’étoit cantonné, il fit son séjour ordinaire à Soissons, et il continua d’y demeurer jusqu’aux tems qu’il