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César, avant qu’il dise que la Garonne séparoit les Aquitains et les Celtes[1], et que les Celtes étoient séparés des Belges par la Marne et par la Seine, nous apprend que chacun de ces trois peuples parloit une langue differente de celles des autres. Ainsi c’étoit la langue Aquitanique qui s’étoit conservée dans la partie des Gaules qui est au midi de la Garonne, c’étoit la langue Celtique qui s’étoit conservée dans la partie des Gaules, qui est entre ce fleuve et la Marne. La langue Belgique s’étoit conservée quelle qu’elle fût, dans les païs qui sont au septentrion de cette riviere.

Quant à nos habitans de la Gaule Germains d’origine, et qui étoient dans celles de ses Provinces les plus voisines du Rhin, comme ils descendoient des Germains qui s’y étoient établis en differens tems par concession des Empereurs, ou que ces Princes y avoient transplantés par force, leur langue Nationale, celle dont ils avoient conservé l’usage, devoit être la langue Germanique.

Procope nous apprend qu’Auguste avoit donné des terres dans ces contrées aux Ubiens et à une partie des Turingiens[2]. On lit dans Suetone que ce Prince lorsqu’il reduisit en forme de Province les païs qui sont entre l’Elbe et le Rhin, en fit sortir la plûpart des anciens Habitans, et qu’il établit dans les contrées de la Gaule voisines du Rhin. Les Sueves et les Sicambres étoient du nombre de ces exilés, qui avoient capitulé avec lui. Le même Auteur nous dit que Tibere transplanta dans les païs des Gaules situés sur le bord du Rhin quarante mille prisonniers de guerre qui s’étoient rendus à lui dans le cours des expeditions qu’il avoit faites contre les Germains. Enfin on voit dans l’Histoire des Empereurs qu’il arrivoit souvent que ces Princes donnoient des terres dans la partie des Gaules voisine du Rhin, tantôt par un motif et tantôt par un autre, à de nouvelles peuplades de Germains. Les Germains faisoient si bien le plus grand nombre dans cette contrée, que les Romains l’appelloient le Païs Germanique, bien qu’il fût sur la gauche du Rhin, et par consequent une portion des Gaules. » ceux des Bar-

  1. Comment. lib. 1.
  2. Procop. de Bell. Goth. lib. I.