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sigots ayant violé l’Alliance anciennement faite entre ceux » de sa Nation & les Romains, étend fes quartiers, & que » dans tous les lieux où il se rend le maître, il y établit par la » force des armes son autorité. Quelles que soient vos lumie » res & votre fainteré, il ne vous conviendroit pas non plus d’expliquer comment cela se conduit…….. Quoiqu’il en puisse être, il est bien à craindre que ce Prince ne soit encore plus attentif à détruire la Religion Catholique dans les pays des quartiers, qu’à s’y emparer par ruse des Villes, où il ne devroit point mettre de troupes. Il a tant d’aversion pour la Catholicité, qu’on le prendroit plûtôt pour le Chef de la Secte, que pour le Roi de la Nation. Son aveuglement va jusqu’à croire qu’il ne doit pas ses prosperités à son courage, à son activité ni à ses autres vertus guerrieres, mais à la Justice du Ciel qui veut récompenser dès ce monde, son zele pour l’Arianisme. Voici le triste état où la Religion Orthodoxe se trouve, & jugez s’il n’est pas tems d’apporter quelques remedes à ses maux. Les Diocèses de Bordeaux, de Périgueux, de Rhodès, de Limoges, de Mandes, d’Euse, de Bazas, de Commenge, d’Auch & un plus grand nombre d’autres, sont aujourd’hui fans Evêques, parce qu’on n’a point donné de successeurs à ceux que la mort a enlevés. » Gregoire De Tours dit positivement qu’Euric avoit fait mourir quelques-uns de ces prélats ; a-t’il seulement éclairci le texte obscur de Sidonius par ce qu’il en sçavoit d’ailleurs ; ou ce qui me paroît plus vraisemblable, n’a-t’il point mal entendu le texte de l’évêque de Clermont qui n’auroit jamais donné à Euric les loüanges qu’il lui donne dans des lettres dont nous avons rapporté le contenu, et qui sont posterieures à celles dont nous discutons le sens, s’il eût été notoire que ce roi des Visigots avoit fait martiriser plusieurs évêques. Je reviens à Sidonius. Il fait ensuite une vive peinture de l’état déplorable où les troupeaux privés de leur premier pasteur étoient réduits, et des véxations qui se faisoient journellement aux catholiques, pour les empêcher d’exercer le culte de leur religion.

Nous verrons dans la suite combien cette persécution d’Euric fut favorable aux progrès de Clovis, parce qu’elle fit craindre aux Romains des Gaules qui presque tous étoient catholiques, qu’ils n’eussent souvent à essuyer de pareilles tempêtes, tant qu’ils seroient sous la domination des Visigots et des Bourguignons. Les uns et les autres étoient également ariens.