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Avitus esperoit comme nous le dirons dans la suite, convertir Gondebaud, lorsqu’il lui écrivit la lettre dont on vient de lire un extrait. Mais lorsque Clovis monta sur le thrône des Saliens, et c’est ce qu’il importe de dire, Godégisile étoit encore en vie et il regnoit sur une portion de la partie des Gaules qui étoit occupée par les Bourguignons.

Quoiqu’Euric ne soit mort que la quatriéme année du regne de Clovis, cependant je crois devoir rapporter ce qui me reste à dire de ce roi des Visigots.

Il est rare qu’un conquerant devienne persécuteur. Euric cependant, le devint, et les dix dernieres années de son regne il fit des maux infinis aux catholiques pour les obliger à se rendre ariens. » Gregoire de Tours écrit qu’Euric faisoit couper la tête à ceux qui s’opposoient avec le plus de zele au progrès de la secte. Il faisoit emprisonner, dit encore notre Historien, les Ecclésiastiques, & il n’épargnoit pas les Evêques, dont il exila un grand nombre, & dont il fit mourir quelques-uns. On condamna les portes des Eglises des Catholiques, afin de faire oublier la Religion qu’on y préchoit, & dont le culte s’y exerçoit. La Novempopulanie, & les deux Aquitaines, eurent beaucoup à souffrir de cette persécution, au sujet de laquelle Sidonius écrivit à Basilius, la lettre que nous avons. » Il ne sera point inutile pour mieux éclaircir la matiere dont il est question, de faire quelques remarques sur ce passage de Gregoire De Tours.

Quant à Basilius, le Pere Sirmond croit avec beaucoup de fondement qu’il étoit évêque d’Aix. Pour ce qui regarde le tems où la lettre qui lui est adressée doit avoir été écrite, je crois qu’on peut la dater des premiers mois de l’empire de Julius Nepos. Le lecteur se souviendra bien des choses que Sidonius informé du traité secret qui se ménageoit aux dépens des Auvergnats entre Euric et Julius Nepos, écrivit à Graecus évêque de Marseille[1], pour l’obliger à traverser cet accord plûtôt qu’à le favoriser, ce qu’on le soupçonnoit de faire. Or la lettre dont il s’agit ici, celle qui est écrite à Basilius, finit en déclamant

  1. Ep. 6 lib. 7.