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une lettre écrite par Sidonius Apollinaris au comte Arbogaste, que Treves étoit encore une ville Romaine, à prendre le mot de Romain dans l’acception où nous venons de l’employer, quand cette lettre fut écrite, et il est manifeste par le sujet dont il y est question, qu’elle doit avoir été écrite après l’année de Jesus-Christ quatre cens soixante et douze. Ce ne fut que cette année-là que Sidonius laïque jusqu’alors, fut fait évêque de Clermont ; et l’on voit par le contenu de cet épître, qu’elle est écrite en reponse à une lettre dans laquelle il étoit consulté par Arbogaste sur des questions de theologie. J’ajoûterai que Sidonius ne se défend de prononcer sur ces questions qu’en les renvoyant à la décision d’autres évêques. Les Francs qui avoient saccagé la ville de Treves plusieurs fois, ne l’avoient point gardée.

Avant que de rapporter l’extrait de cette lettre de Sidonius, il convient de dire qui étoit notre Arbogaste. Nous apprenons d’une épître en vers adressée par Auspicius évêque de Toul, et contemporain de Sidonius, à cet Arbogaste, qu’il étoit fils d’Arrigius homme d’une grande consideration, et descendu d’un autre Arbogaste Franc de nation, attaché au service de l’empire, et parvenu à la dignité de maître de la milice sous le regne de Valentinien le jeune. Nous apprenons encore par cette épître, que notre Arbogaste étoit chrétien, et qu’il étoit revêtu de l’emploi de comte de Treves. Ainsi cet officier né sujet de l’empire, ne commandoit point vraisemblablement à Treves au nom d’aucun roi Franc. Voilà le préjugé dans lequel il faut lire la lettre que Sidonius lui adresse, et la lecture de la lettre change ce préjugé en persuasion.

Sidonius après avoir dit au comte Arbogaste : » Que son stile est plûtôt celui d’un homme qui écrit sur les bords du Tibre, que celui d’un homme qui écrit sur les bords de la