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peut deviner quel fut un arrangement dont le desordre même étoit la cause ?

Enfin tout se sera passé pour lors dans les provinces obéissantes, à peu près comme tout se passa dans les provinces de la confédération Armorique après qu’elles se furent associées. La crainte de tomber sous le joug d’Euric, l’apprehension de voir la moitié de son patrimoine devenir la proye d’un essain de barbares, aura prévenu les contestations, elle aura appaisé les querelles si frequentes entre ceux qui cessent d’avoir un superieur et qui ont à vivre dans l’égalité. Cette crainte aura fait dans les provinces obéissantes, le bon effet que suivant Grotius la crainte des armes du roi d’Espagne produisit dans la république des provinces-unies des Pays-Bas lorsqu’elle étoit encore naissante.

Je crois que c’est aux tems dont je parle, c’est-à-dire, aux tems qui suivirent la paix faite entre Euric et les puissances des Gaules vers l’année quatre cens soixante et dix-huit, et aux années immediatement suivantes, qu’il faut rapporter le plan de la division et du partage des Gaules entre les differens peuples qui les habitoient alors, et qui se trouve dans le second livre de l’histoire de Gregoire De Tours. Cet auteur après avoir dit que Clodion faisoit ordinairement sa residence à Duysborch sur les confins de la cité de Tongres, ajoûte : » Les Romains habitoient dans les pays qui sont au Midi de cette Cité, & leur dominacion s’étendoit encore jusqu’à la Loire. Les Visigots étoient maîtres des pays qui sont au-delà de ce Fleuve, & les Bourguignons qui comme les Visigots étoienr de la Secte des Ariens, habitoient sur l’endroit de la rive gauche du Rhône, où se trouve la Cité de Lyon. » Veritablement, c’est immediatement après cette exposition, que Gregoire De Tours raconte l’histoire de la surprise de la ville de Cambray par le roi Clodion, telle que nous l’avons donnée en son lieu. Par conséquent l’exposition dont il s’agit ici doit être regardée comme relative à l’année quatre cens quarante-cinq, et aux années immediatement suivantes.

Il faut donc, je l’avoüe, tomber d’accord que Gregoire De