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ne et entiere de tous les droits et de toutes les prérogatives des Citoïens Romains nés à l’ombre du Capitole. On lit dans Tacite que Cerealis qui commandoit les troupes de Vespasien dans les Gaules, assembla, dès qu’il eut appaisé une revolte excitée dans la Cité de Langres et dans celle de Tréves, les principaux Citoïens de ces deux Districts pour les bien convaincre que leur interêt étoit de demeurer fidelles à l’Empire. D’où pourroit venir, leur dit-il entr’autres raisons, votre mécontentement ? Rome ne vous donne-t-elle pas tous les jours ses legions à commander ? Ne vous confie-t-elle pas le gouvernement de ses Provinces, même celui de votre propre Patrie ? Quelle est la dignité à laquelle il vous soit interdit de prétendre ?

Environ cent cinquante ans après le tems dont nous venons de parler, Caracalla donna le droit de Bourgeoisie Romaine à tous les Citoïens des differens Etats dont l’Empire étoit composé, et celles des Cités des Gaules qui pouvoient ne l’avoir pas encore obtenu, en furent alors revêtuës. Il est vrai que par là toutes les Gaules devinrent sujettes aux tributs et aux impositions qu’on levoit déja sur les Citoïens Romains ; ils commençoient dès lors à en être surchargés. En cela, la condition des Cités qui n’avoient été jusques-là Membres de l’Empire qu’en qualité d’Alliés, et qui ne devoient que des soldats et quelques contributions passageres, en devint moins heureuse qu’elle ne l’étoit précedemment. Aussi prétend-on que l’Edit par lequel Caracalla communiqua en un jour à tant de milliers de personnes le titre de Citoïen Romain qui sous les premiers Empereurs, passoit pour un bien-fait considerable, avoit plûtôt été un Edit Bursal rendu dans la vûë d’augmenter le nombre des sujets qui payoient les plus fortes impositions, qu’une marque de sa munificence.

Quoiqu’il en ait été, le droit Romain devint dans toutes les Gaules, en vertu de l’Edit de Caracalla, le droit commun. Si certaines coutumes locales demeurerent en vigueur dans quelques Districts, elles n’y eurent plus d’autorité que dans les cas sur lesquels les loix Romaines ne statuoient point précisément. En vertu de cet Edit, l’habit long particulier au Citoïen Romain ou la Toga, devint dans les Gaules le vêtement de tous leurs Citoïens, qui ne garderent plus de l’habillement de leurs ancêtres que quelques pieces dont l’usage étoit trop