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depuis, & tâcher de s’en couvrir la nuque du col. Nous y voyons les Erules dont les joüës font teintes en bleu, & qui ont le teint de la même couleur que l’Océan dont ils habitent les côtes les plus reculées. Le Bourguignon haut de sept pieds, y vient aussi fléchir les genoüils, & demander comme une grace qu’on ne lui fasse point la guerre. C’est à l’aide de la protection qu’Euric donne aux Ostrogots, qui habitent sur le Danube, qu’ils assujettissent les Huns leurs voisins. Ce sont les soûmissions que ces Ostrogots font ici, qui les rendent si fiers ailleurs. Enfin c’est ici que le Romain vient demander du secours, lorsque sur la nouvelle des attroupemens, qui se font sous les climats voisins de l’Ourse, il appréhende une invasion ; il implore alors, Grand Euric l’aide de votre bras, & son espérance est que la Garomne renduë audacieuse par la présence du nouveau Mars qui s’est établi sur ses rives, prendra la défense du Tibre, réduit, s’il est permis de parler ainsi, à un filet d’eau. » Si l’on veut bien en croire notre poete, les Perses eux-mêmes n’étoient retenus que par la crainte qu’ils avoient d’Euric. C’étoit elle qui les empêchoit d’attaquer l’empire d’Orient. Sidonius en changeant de maître, avoit bien changé de langage.

Pour peu qu’on soit versé dans notre histoire, on n’ignore pas que les chefs qui gouvernoient sous le roi une tribu des Francs, s’appelloient les Vieillards, en latin, Seniores. Ce sont eux que Sidonius désigne ici par l’expression Vieillards Sicambres. La guerre étant le métier le plus ordinaire des Francs, il n’est pas étonnant que la plûpart d’entr’eux eussent été faits captifs, qu’on leur eût coupé les cheveux, comme on les coupoit aux esclaves, et qu’ayant ensuite recouvré leur liberté, ils les eussent laissé croître assez longs pour qu’ils pussent venir jusques sur la nuque du col.

Voici l’extrait de l’autre lettre de Sidonius. Elle est écrite à Léon un des principaux ministres d’Euric, et de qui nous avons déja parlé à l’occasion du traité dont saint Epiphane fut l’entremetteur. Quoiqu’elle soit la troisiéme lettre du livre huitiéme, cependant je ne la crois écrite qu’après celle dont on vient de lire l’extrait, qui n’est cependant que la neuviéme dans ce même livre. Voici mes raisons : nous avons vû par la lettre de Sidonius à Faustus évêque de Riez, que ç’avoit été sous prétexte de rendre des devoirs, que Sidonius avoit été tiré de son diocèse. Ainsi l’on peut penser que les