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Gaule un rang superieur à celui de leurs rois, c’est-à-dire, comme revêtu en quelque sorte du pouvoir impérial, ce qui aura donné lieu à Jornandès de dire dans un endroit de son histoire des Gots que nous avons déja rapporté : qu’Euric avoit soûmis les Bourguignons. Secondement, il paroît en lisant ces deux extraits, que les Bourguignons avoient, ainsi que la prudence le vouloit, compris dans leur traité leurs alliés tant Romains que barbares, et que les Francs eux-mêmes y étoient entrés.

Voici le premier de ces extraits tiré d’une lettre écrite en prose et en vers par Sidonius, tandis qu’il étoit dans Bordeaux, et adressée à Lampridius. Sidonius mande d’abord à son ami. » J’ai reçu votre Lettre en arrivant à Bordeaux ; mais je ne suis point en état de vous répondre sur le ton que vous m’écrivez. Je suis accablé de soins, & vous, vous êtes heureux ; vous êtes dans votre patrie, & je suis ici comme en exil. Cependant il ne laisse pas de continuer en vers la Lettre qu’il a commencée en prose ; il dit entr’autres choses. Depuis deux mois que je suis ici, je n’ai encore pû saluer qu’une fois le Roi des Visigots. Aussi n’a-t-il gueres plus de repos que moi, à présent qu’il est devenu l’oracle du monde entier, qui semble aujourd’hui n’être plus peuplé que de ses sujets. Nous voyons ici le Saxon aux yeux bleus, qui tout intrépide qu’il est sur la mer, ne laisse point d’avoir peur sur la terre où je me trouve. Ici nous voyons les vieillards Sicambres à qui l’on avoit coupé leur chevelure, lorsqu’ils furent faits captifs, relever les cheveux qui leur sont revenus