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Clermont en auroit dit quelque chose dans ses ouvrages. Il peut avoir eu les mêmes raisons de se taire sur ces évenemens, en supposant encore que l’occasion d’en parler se soit offerte, qu’il avoit de ne point entrer en matiere avec Faustus concernant ce que cet ami lui avoit écrit sur la dureté des traitemens qu’Euric faisoit à une partie de ses sujets. D’ailleurs il est plus que probable que nous n’avons pas toutes les lettres de Sidonius, soit parce que lui-même il n’aura pas jugé à propos de garder les broüillons de celles où il s’expliquoit sur les affaires d’état en termes clairs et intelligibles pour tout le monde ; soit parce que l’éditeur n’ayant point crû devoir publier ces lettres-là, il les aura supprimées par égard pour les nations, ou pour les particuliers dont elles pouvoient interesser la réputation. Le recueil des lettres de Sidonius, est un livre très-ancien. Il peut bien avoir été publié dès le regne de Clovis, et lorsque du moins les fils des personnes dont notre auteur avoit pû parler avec liberté, vivoient encore. La grande réputation que Sidonius s’étoit acquise par son éloquence, et dont Gregoire De Tours rend un témoignage autentique, porte même à croire que les ouvrages de l’évêque de Clermont avoient été rendus publics peu d’années après sa mort, arrivée en quatre cens quatre-vingt-deux. En effet, Gregoire De Tours[1] cite lui-même dans plus d’un endroit les lettres de Sidonius Apollinaris, comme on cite un écrit qu’on suppose entre les mains de tout le monde. Nous rapportons ci-dessous le passage où cette citation se trouve.

Je reviens à sa lettre écrite à l’évêque de Riez. On ne sçauroit douter que les deux royaumes rivaux qui venoient de faire un traité dont les conditions étoient si propres à donner lieu bien-tôt à de nouvelles broüilleries, et dans l’un desquels la ville de Riez se trouvoit être comprise, quand Bordeaux l’étoit dans l’autre, ne fussent, quoique l’auteur ne les nomme point, le royaume des Bourguignons, et le royaume des Visigots. Toutes les circonstances de tems et de lieux le veulent ainsi. Mais quelles étoient les conditions de ce traité ? Fut-ce par un article de ce traité que les Bourguignons s’obligerent de rendre à Euric les services et les hommages qu’ils rendoient à l’empereur de Rome, avant que le thrône d’Occident eût été renversé ? C’est ce que nous ignorons presqu’entierement.

Il paroît en lisant deux autres lettres de Sidonius dont nous allons encore donner des extraits : premierement, que les Bourguignons avoient reconnu Euric comme tenant dans la

  1. Greg. Tur. Hist. lib. 2. cap. 24. & 25.