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bien des accidens. Il y a des gardes postés sur tous les grands chemins, qui ne laissent passer aucun Courier sans lui faire subir un interrogatoire rigoureux. Si vous voulez, il n’y a rien à craindre pour ceux qui ne trempent point dans les intrigues ; mais il est toujours désagréable d’être mêlé dans une telle procédure, car les Couriers sont questionnés sans fin sur toutes les commissions dont ils peuvent être chargés. Pour peu qu’un pauvre homme semble se couper dans les réponses, on s’imagine qu’il a charge de dire de vive voix les secrets qu’on ne trouve pas dans les dépêches qu’il porte, & là-dessus on l’arrête & on entre en défiance de celui qui l’envoye. Cer inconvénient qui n’est que trop connu depuis longtems, est à craindre à present plus que jamais. Le Traité que les deux Royaumes rivaux viennent de faire ensemble, contient des conditions moins propres à rétablir l’union & la confiance, qu’à faire naître de nouveaux sujets de défiance, & de nouveaux motifs de jalousie. D’ailleurs mes disgraces abbatent le peu d’esprit qui me reste. Après que j’ai eu rendu les devoirs qui m’ont engagé, ou plûtôt qui m’ont forcé à sortir de mon Diocèse, on me fait demeurer ici comme dans un lieu où je serois relegué. Par tout je suis malheureux ; ici je suis regardé comme un étranger, & dans l’Auvergne on saisit & on confisque mes biens, comme si leur maître étoit proscrit. Se peut-il donc faire qu’on attende de moi, des Lettres écrites avec la moindre élégance. »

On ne sçauroit lire cette lettre sans faire une reflexion. C’est qu’on n’est point plus en droit d’attaquer la verité d’aucun fait rapporté par un auteur du cinquiéme siecle, en se fondant sur le silence de Sidonius Apollinaris, que nous avons vû qu’on étoit en droit de l’attaquer en se fondant sur le silence de Gregoire De Tours. On ne doit jamais dire, par exemple, si les Francs eussent occupé un tel pays dans ce tems-là, l’évêque de