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guerre de concert avec eux contre Odoacer et contre Euric, allié avec Odoacer, dès que le dernier se fut rendu maître de l’Italie. Au retour de ces ambassadeurs revenus de leur commission avec une réponse négative, nos Romains et leurs alliés auront traité avec Euric. Or autant qu’on en peut juger par le tems où le roi Odoacer se rendit maître de l’Italie, et par la distance des lieux, ces ambassadeurs seront partis des Gaules au commencement de l’année quatre cens soixante et dix-sept, et ils y auront été de retour vers la fin de cette année-là.

On ne sçauroit douter que Sidonius n’ait écrit la troisiéme lettre du neuviéme livre de ses épîtres, lorsqu’il étoit à Bordeaux, où il paroît que les Visigots l’avoient mandé dès qu’ils furent les maîtres de son diocèse, et où ils le retinrent malgré lui durant trois ou quatre années. C’est le sentiment de Savaron, et celui du pere Sirmond qui nous ont donné chacun une sçavante édition de cet auteur, et le contenu de la lettre suffit même pour le faire penser à tout lecteur attentif. Or dans cette lettre écrite pendant l’exil de Sidonius, qui commença vers quatre cens soixante et quinze, et qui finit vers l’année quatre cens soixante et dix-huit, on trouve plusieurs choses qui font foi que dès ce tems-là, il y avoit ou paix ou tréve entre les Visigots d’un côté, et les Bourguignons et leurs alliés d’un autre côté. La lettre dont il s’agit, est adressée à Faustus évêque de Riez, ville de la seconde Narbonnoise, laquelle a été durant plusieurs années au pouvoir des Bourguignons, qui probablement y avoient jetté du monde pour la garder, au tems qu’Euric faisoit des conquêtes dans les pays voisins de cette place, et qu’il s’emparoit d’Arles, de Marseille et d’autres villes. On lit dans cette lettre.

» Vous continuez à nous donner des marques de votre amitié, & des preuves de votre éloquence. Nous sommes toujours » très-sensibles à l’une & très-touchés de l’autre. Cependant sous votre bon plaisir, il me paroît à propos, & cela pour plusieurs bonnes raisons, de ne point entretenir une correspondance si vive, quand nous nous trouvons vous & moi dans deux Villes si éloignées l’une de l’autre, & quand l’agitation où sont à présent les Nations, expose nos Lettres à