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Voyons ce qui pouvoit se passer dans les Gaules dans le tems que l’Italie étoit en confusion, soit à cause des troubles qui durent accompagner la déposition de Nepos, soit à cause de l’invasion, et du nouveau partage des terres qu’y fit Odoacer.

On peut bien croire que dès qu’Augustule eût été proclamé empereur[1], et Nepos déposé, Augustule protesta contre le traité dont saint Epiphane avoit été le médiateur, je veux dire la convention par laquelle Nepos avoit cédé aux Visigots les droits de l’empire sur les Gaules. Augustule aura encouragé également les provinces obéissantes, les provinces confédérées, les Francs et les Bourguignons à s’opposer à l’exécution de ce pacte. Les forces de toutes ces puissances réunies ensemble auront arrêté les progrès d’Euric durant l’année quatre cens soixante et seize. Elles auront mis des bornes à ses conquêtes d’autant plus facilement, que non-seulement leurs troupes devoient être nombreuses ; mais que le pays qu’elles avoient à défendre contre l’ennemi qui vouloit subjuguer toutes les Gaules, étoit comme remparé par la Loire, ou par d’autres barrieres naturelles. On a vû qu’Euric avoit d’un côté poussé ses conquêtes jusqu’à ce fleuve, et que d’un autre il les avoit étenduës jusqu’au Rhône ; qu’il n’avoit passé que près de son embouchure, pour occuper les pays qui sont entre la Durance et la Méditerranée. Chacun des deux partis aura donc été assez fort pour garder sa frontiere, mais il ne l’aura point été assez pour percer la frontiere de son ennemi. Voilà, suivant les apparences, quel étoit l’état des Gaules, lorsqu’on y apprit qu’Odoacer étoit le maître de l’Italie, et le trône d’Occident renversé. Dans cette conjoncture, chacune des puissances des Gaules aura pris les mesures qui lui convenoient davantage. Euric aura recherché l’amitié d’Odoacer, et les ennemis d’Euric auront proposé aux Romains d’Orient d’agir de concert avec eux contre Euric, et contre Odoacer, pour chasser le premier de la Gaule, et le second de l’Italie. Voici les faits sur lesquels notre conjecture si plausible par elle-même, se trouve encore appuyée. Procope dit au commencement de son histoire de la guerre des Gots : » Tant que la Ville de Rome demeura sa maîtresse, l’autorité des Empereurs fut toujours reconnuë dans les Gaules, & jusques sur les bords du Rhin ; mais dès qu’Odoacer se fut emparé de

  1. En l’année 473.