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ter, que dans ce dessein, les Romains avoient choisi Odoacer aussi habile politique que grand capitaine, pour les gouverner sous les auspices de Zenon : qu’ils le supplioient donc, qu’ils le conjuroient de créer Odoacer patrice, et de lui envoyer une commission pour commander en Occident au nom de l’empire d’Orient. Zenon répondit à ces ambassadeurs : que des derniers empereurs que l’empire d’Orient avoit donnés aux Romains d’Occident, ils en avoient fait mourir un ; sçavoir Anthemius ; qu’ils avoient réduit Julius Nepos qui étoit l’autre, à se réfugier en Dalmatie ; que Nepos malgré sa prétenduë déposition, n’étoit pas moins le legitime souverain du partage d’Occident ; que c’étoit donc à ce prince qu’Odoacer devoit s’adresser, s’il vouloit être fait patrice, et que s’il pouvoit obtenir de lui cette dignité, il s’habillât alors comme un grand officier de l’empire Romain devoit être vêtu. Sur-tout, ajouta Zenon ; qu’Odoacer ne manque jamais de reconnoissance envers Nepos, s’il peut une fois en obtenir la dignité qu’il demande. Je transcris ici le passage de l’histoire de M. De Valois, où il est parlé de cet évenement, parce qu’on y trouve outre la narration de Malchus, quelques circonstances curieuses, que l’auteur moderne a prises apparemment dans des garants, capables d’en répondre, mais que je ne connois pas.

Odoacer ne suivit pas les conseils de Zenon, ou bien il ne put pas obtenir de Nepos ce qu’il lui demandoit. Cassiodore dit dans sa chronique, qu’en quatre cens soixante et seize, Odoacer après avoir tué Orestés et Paulus frere d’Orestés, prit bien le nom de roi ; mais qu’il le prit sans porter ni les marques de la royauté, ni les vêtemens de pourpre, c’est-à-dire, sans prendre pour cela ni les marques de la royauté, qui étoient en usage parmi les nations Gothiques, ni aucune robe de pourpre, ou qui fût ornée du moins, de bandes d’étoffe de couleur de pourpre. C’étoit à ces robes qu’on reconnoissoit les personnes pourvuës des grandes dignités de l’empire. Cassiodore qui n’a composé sa chronique que plusieurs années après la mort d’Odoacer, n’auroit point écrit ce qu’on vient de lire, si ce prince eût changé quelque chose dans ses vêtemens ou dans ses titres durant le cours de son regne. Du moins cet auteur auroit-il parlé d’un pareil changement sur l’année où il seroit arrivé ; c’est ce qu’il ne fait point.