Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/642

Cette page n’a pas encore été corrigée

de se rendre maîtres de sa patrie, soit à cause de son zele contre l’arianisme qu’ils professoient, le tinrent éloigné de l’Auvergne, et sous differens pretextes ils l’empêcherent long-tems d’y résider. Enfin ils lui permirent d’y revenir, et il eut la consolation de passer les dernieres années de sa vie parmi les Auvergnats, qui étoient à la fois ses compatriotes et ses diocésains. Il étoit apparemment déja de retour dans son évêché, lorsqu’il dit en envoyant à Volusianus les vers qu’on l’avoit pressé de faire à la loüange de saint Abraham confesseur. » Je ne veux point differer à faire ce que l’on souhaite de moi. Vous sçavez le crédit que vous avez toujours sur ma veine, & les égards que je dois aux sollicitations du Comte Victorius. Si je suis son pere, suivant l’ordre Ecclésiastique, il est mon superieur suivant l’ordre Civil. Aussi je l’aime comme mon fils, & je l’honore comme mon pere. » Nous parlerons ci-dessous un peu plus au long, des circonstances de l’exil et du retour de l’évêque d’Auvergne dans sa patrie.

Sidonius ne traite ici Victorius que de comte, quoique Gregoire De Tours dise positivement qu’il avoit l’emploi de duc. Mais comme l’observe le Pere Sirmond, Sidonius n’a égard ici qu’à celles des fonctions de Victorius qui regardoient l’Auvergne en particulier. Comme les rois barbares qui se formerent des monarchies des débris de celle de Rome, conserverent l’usage de mettre dans chaque cité un gouverneur qui avoit le nom de comte, et de donner à plusieurs de ces gouverneurs un superieur qui avoit le titre de duc, ainsi que le faisoient les empereurs dans l’ordre militaire, Sidonius et Gregoire De Tours ne sçauroient avoir pris une de ces qualités pour l’autre. L’évêque de Clermont ne qualifie donc Victorius de comte, que parce qu’il demeuroit toujours en Auvergne, ainsi que le remarque Gregoire De Tours, et qu’il la gouvernoit immédiatement par lui-même, comme il en avoit le pouvoir en qualité de lieutenant d’Euric dans la premiere Aquitaine. Nous parlerons dans la derniere partie de cet ouvrage des comtes et des ducs institués par les rois barbares.

Comme il est certain que Nepos, qui avoit été élevé à