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Gaules publiée par le Pere Sirmond[1]. Personne n’ignore que cette Notice a été redigée dès le commencement du cinquiéme siécle et qu’elle est de toutes les anciennes notices des Gaules qui sont venuës jusqu’à nous, celle dont les sçavans font le plus de cas.

Chaque province des Gaules se subdivisoit en un certain nombre de Cités ou de districts, appellés en Latin Civitas, et chaque Cité avoit aussi sa Ville Capitale et dominante dans laquelle résidoit un Sénat dont la Jurisdiction s’étendoit sur tous les cantons ou Pagi, qui composoient le territoire de la Cité. C’étoit la prérogative d’être le séjour du Sénat & des Officiers qui gouvernoient la Ville et son District, qui faisoit la difference qu’il y avoit entre une simple Ville et une Ville qui avoit le droit de Cité. Quand Tite-Live parle de la condition à laquelle les Romains réduisirent la Ville de Capouë qui avoit pris le parti d’Annibal contr’eux[2], lorsqu’ils l’eurent prise par force, il dit… on ne détruisit point la ville de Capouë et l’on permit même qu’il s’y établît des habitans, mais on ne voulut point que ces habitans eussent le droit de Commune et qu’ils formassent une Cité. Il fut statué qu’ils n’auroient ni un Sénat, ni aucune Assemblée du Peuple ; mais qu’on leur envoyeroit de Rome chaque année, un Officier qui leur feroit rendre la Justice. Au commencement du cinquiéme Siécle on comptoit cent quinze Cités dans les Gaules, au lieu qu’il n’y en avoit que soixante et quatre sous le regne de Tibere[3] ; mais ses Successeurs avoient multiplié le nombre de ces Districts, en ôtant à plusieurs Cités une portion de leur Territoire pour en former de nouvelles Cités.

Comme le mot de Cité n’a point dans notre langue l’acception qu’il avoit en Latin, et comme nous l’employons communément pour signifier l’ancien quartier d’une Ville dont l’enceinte a été agrandie ; je dois avertir pour prévenir tout équivoque, que je m’en servirai toujours dans le sens du mot Latin Civitas, et que je traduirai de même Pagus par Canton.

Plusieurs de nos Ecrivains François faute d’avoir eu la même attention, rendent quelquefois mal à propos, le mot de

  1. Concil Gall. Tom. I.
  2. L’an de Rome 541.
  3. Tacit. Ann. lib. 3.