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là qu’il faut entendre l’endroit de Jornandès, où il dit, qu’Euric soumit les Bourguignons ; car on voit par la suite de l’histoire, qu’ils ne furent jamais sujets du roi Visigot, et que leur monarchie subsista toujours en forme de corps d’Etat ou de royaume particulier, jusqu’à ce qu’ils furent subjugués par les enfans de Clovis. Il est certain en un mot, comme nous le dirons plus bas, qu’Euric étoit, quand il mourut, l’arbitre des Gaules, et que les Francs mêmes lui faisoient leur cour.

En second lieu, le pouvoir legislatif n’appartient qu’au seigneur suzerain, qu’à celui qui a le domaine suprême dans un territoire ; or Euric et son fils Alaric II, ont exercé dans les Gaules, du moins dans la partie de cette province où ils étoient les maîtres de l’exercer, le pouvoir legislatif dans toute son étenduë. Avant le regne d’Euric, les Visigots bien qu’ils fussent établis depuis soixante années dans les Gaules, n’avoient point encore eu de loi redigée par écrit. Euric fit rediger le code que nous avons encore sous le nom de la loi des Visigots . On ne sçauroit dire que cette loi n’étant que pour les Visigots, Euric a pû, comme leur souverain particulier, la publier, bien qu’il ne fût pas seigneur suprême dans la partie du territoire de l’empire, où ils étoient domiciliés. Il est bien vrai que le code d’Euric est fait principalement pour être la loi nationale des Visigots ; mais comme nous le verrons dans la derniere partie de notre ouvrage, ce code statuë beaucoup de choses concernant les Romains habitans dans les provinces où les Visigots avoient leurs quartiers. Si ces Romains eussent encore été sujets de l’empire, Euric ne pouvoit point ordonner tout ce qu’il statuë, concernant leur état et leurs possessions.

Alaric II, le fils et le successeur d’Euric, exerça encore d’une maniere plus autentique le pouvoir legislatif dans les provinces des Gaules soumises à son pouvoir. Il y fit faire par ses jurisconsultes, une nouvelle redaction du droit Romain. Jusques-là les anciens habitans, les Romains de ces provinces avoient eu pour loi le code publié par l’empereur Theodose le jeune, et Alaric leur donna le code que nous avons encore sous le nom du code d’Alaric , à la place du code theodosien.

Enfin, comme nous le dirons plus au long quand il en sera tems, Alaric Ii fit battre des especes d’or à son coin. On sçait que les rois barbares qui tenoient quelque province de l’em-