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de tems après la prise de Rome par Alaric I. En ce cas Euric n’étoit point un usurpateur, mais un possesseur fondé sur des droits légitimes, quand il vouloit se rendre maître de toutes les Gaules. Euric n’étoit proprement usurpateur, que par rapport aux districts que l’Italie avoit gagnés sur les Gaules, et que ce prince revendiquoit parce qu’ils étoient, par rapport aux Gaules, en-deça des Alpes, qui de tout tems avoient été les bornes de chacune de ces deux grandes provinces ? Pourquoi si Ennodius n’avoit pas cette vûë-là, suppose-t-il en écrivant, que Nepos n’eût point été proclamé empereur de tout le partage d’occident, mais seulement de l’Italie ? La seconde, ainsi qu’on va le lire, c’est que les Visigots, qui comme on l’a vû ci-dessus, avoient passé le Rhône, et s’étoient emparés d’Arles et de Marseille, sous le consulat de Jordanus et de Severus, marqué dans les fastes sur l’année quatre cens soixante et dix, tâchoient en quatre cens soixante et quatorze de se rendre maîtres des cités situées entre les Alpes et le bas-Rhône, et qui étoient encore soumises au gouvernement des officiers de l’empereur. L’inconvenient de laisser ces barbares se rendre maîtres des cités dont nous parlons, étoit d’autant plus grand, qu’elles leur ouvroient l’entrée de l’Italie. Notre troisiéme observation roulera sur ce que Nepos se contentoit de pouvoir conserver l’Italie, résolu qu’il étoit d’abandonner les Gaules à leur destinée, mais qu’il prétendoit néanmoins avant que de les abandonner, en démembrer les contrées qu’il jugeoit nécessaire de garder, afin d’être toujours le maître des gorges des Alpes, et que dans cette vûë il vouloit faire reconnoître dans son traité les contrées dont il s’agit, pour être des annexes de l’Italie, parce que sous quelques empereurs, elles avoient veritablement été de ses dépendances et comprises pendant quelque-tems dans ses limites légales.

Lorsque saint Epiphane eut audience d’Euric, il lui dit après les préambules ordinaires sur les maux de la guerre, et sur les avantages de la paix : » L’Empereur Nepos à qui la Providence a donné le gouvernement de l’Italie, m’envoye ici pour vous proposer une paix, qui faisant cesser toute défian-