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rapporter, si ce n’est une plainte contre les difficultés qu’on avoit à surmonter pour communiquer avec ses amis absens. On trouve quelque chose de plus remarquable dans la seconde. Sidonius y louë la fidélité de la personne qui avoit été le porteur des lettres de Principius, et il dit qu’on peut bien s’y fier. Il ajoute qu’il espere dumoins être joint à son ami dans la patrie celeste, puisque dans ce monde ils habitent des païs qui sont éloignés les uns des autres, quoiqu’ils se trouvent réunis à certains égards. Le Soissonnois étoit alors ainsi que l’Auvergne, compris dans les provinces obéissantes. A ce prix, dit Sidonius, je consens que nous vivions esclaves des Gabaonites, c’est-à-dire, des Visigots qui avoient peut-être envoyé offrir leur alliance au sénat de Soissons, dans le dessein de le tromper.

Un long récit de ce qui se passa en Auvergne sous le regne des trois premiers successeurs d’Anthemius, pourroit bien paroître inutile dans une histoire de l’établissement de la monarchie Françoise dans les Gaules, puisque les Francs n’étoient point pour m’expliquer ainsi, du nombre des acteurs. Mais je supplie ceux qui feroient cette réflexion de vouloir bien aussi en faire une autre. C’est que l’histoire ne nous apprend pas les détails de la réduction de plusieurs cités de la seconde Belgique, et de la Senonoise, à l’obéissance de Clovis, et qui se fit, quelques années après le tems dont nous parlons. Or rien n’est plus propre à suppléer à ce silence, et à nous donner quelqu’idée de la maniere dont les Romains de nos provinces passerent sous l’obéissance du roi des Francs, que la connoissance des ressorts qu’Euric fit joüer pour s’emparer des provinces des Gaules dont il se rendit maître. On voit par ce qui s’est passé dans la premiere Aquitaine, à peu près ce qui a dû se passer ensuite dans les contrées des Gaules que Clovis soûmit à son pouvoir. Ainsi non content d’avoir rapporté tout ce qu’on vient de lire, concernant les mouvemens qui précederent la soumission de l’Auvergne aux Visigots ; nous allons encore raconter aussi en détail qu’il nous le sera possible, de quelle maniere cette cité tomba enfin entre les mains de leur roi.