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pratiqué, ils excitoient les barbares à s’emparer des cités voisines des quartiers que ces barbares avoient déja, et ils donnoient continuellement à ces hôtes, des avis qui leur enseignoient à lever des contributions exorbitantes. Tel étoit un Seronatus dont Sidonius parle en plusieurs de ses lettres comme d’un factieux, qui sous prétexte de s’entremettre pour appaiser les contestations qui naissoient souvent entre les Romains et les barbares, excitoit les derniers à envahir les provinces qui n’étoient encore gouvernées que par des officiers Romains. On n’osoit même, et c’étoit le plus grand des malheurs, punir ces traîtres comme ils le méritoient. Sidonius dit concernant un voyage que Séronatus avoit fait à la cour d’Euric, sous le prétexte d’obtenir une diminution des contributions que l’Auvergne payoit à ce prince, ou quelqu’autre grace. » Quand on publie une superindiction, tout le monde craint » pour ses biens, & moi je crains tout ce que Séronatus » nous apporte. Les bienfaits des brigands me font suspects. » Dans une autre lettre que cet auteur écrivit après que Nepos eût cedé l’Auvergne aux Visigots, il dit pour montrer quel avoit été l’attachement des habitans de cette contrée pour l’empire. Ils n’ont point craint d’instruire le procès de Séroatus, qui faisoit profession de livrer les Provinces de l’Empire aux Barbares, mais quoiqu’ils l’eussent convaincu du crime de leze-Majesté, le Prince n’osa fairc mourir ce Catilina de notre siecle, qu’après qu’il eut commis de nouveaux crimes. »

L’amour de la patrie est une vertu, qui diminue de jour en jour dans les états qui tombent en décadence. Ainsi l’empire se trouvant sur son déclin, plusieurs des Romains des Gaules oublioient les devoirs de leur naissance, et ils épousoient les interêts des rois barbares, qui suivant le cours ordinaire des choses, y devoient être bientôt les maîtres. Ces mauvais sujets se tournoient, comme on le dit, du côté du soleil levant.

Non seulement les Auvergnats parmi lesquels il y avoit de